Les origines de Lacapelle Au milieu du XIe siècle, un hôpital, dédié à saint Jean-Baptiste et destiné aux pèlerins malades ou nécessiteux qui venaient visiter les lieux Saints, fut fondé à Jérusalem par des marchands d’Amalfi (Italie). C’est en 1099 que son directeur, Gérard, généreusement doté par Godefroy de Bouillon, y remplaça les bénédictins qui le desservaient, par une congrégation nouvelle qu’il y fonda. Les membres de l’Ordre furent désignés sous le nom d’Hospitaliers de Saint-Jean- de Jérusalem (ou Frères de l’Hôpital Saint-Jean de Jérusalem).
La règle de l’Ordre fut confirmée en 1113 par le pape Pascal II. Au XIIe siècle, les hospitaliers s’établirent sur leur fief de Rayssac, près d’Albi, pour y construire leur château seigneurial qui devint la résidence du prieur de l’Albigeois et du Rouergue. Les hospitaliers possédaient Lacapelle-Ségalar. L’église de La Capelle figure, vers 1120, dans une notice des possessions qui furent achetées par Raimond de Millau et Guiral d’Artal pour le Saint-Sépulchre de Jérusalem : « … donero la gleisa d’a la Capella » (BRUNEL (Clovis), Anciennes chartes en langue provençale, 2°, passim).
En 1195, le bourg de La Capelle, alors inhabité et presque ruiné, ainsi qu’une fortification voisine, furent donnés à fief, à Bertrand de Lacapelle, par Arnaut de Boussagues, prieur en Albigeois et Rouergue, de l’Hôpital Saint-Jean de Jérusalem. Voici le texte de cette cession : « Eu Arnautz de Bossaiguas priors de la bailia de lospital de Jherusalem d’Albeges et de Rozergue ab cosseil et ab volontat d’en Ato de Candor et d’en Peironet doni e lauzi et autorgui a vos Bertran de la Capella et a vostres efantz et a tot vostre eres acui vos o volratz la vila de la Capella et la forssa que es entre lo castel de S. Marcel et el castel de la Guepia tota enteirament… » (ROSSIGNOL, Monographies communales de l’arrondissement de Gaillac, III, Documents, 7, 177).
Bien que désignée sous le nom de « ville », Lacapelle ne formait alors qu’une modeste agglomération. La famille Bertrand ne garda pas longtemps cette seigneurie. Compaing de la Capelle abandonna tous ses droits, en 1238, au commandeur Etienne de Lemosi…et, en 1247, du consentement de Guillaumette de Saint-Amans, sa femme, et de son fils, il lui abandonna encore ses fiefs, et enfin, en 1260, il se départit de son exemption de dîme (ROSSIGNOL, op. cit., III, 131).
D’après un ancien article (Journal La Croix, n° 753 du 17.06.1906), le bourg occupait le côté Sud-Est de la résidence des hospitaliers et était groupé en amphithéâtre sur la déclivité du terrain. Une rue principale le traversait aux extrémités de laquelle s’ouvrait une porte crénelée et à mâchicoulis. La porte dite « haute » ou « porte de l’Hôpital » formait, au Nord-Ouest, un des côtés de la demeure féodale. C’était la plus importante. La seconde porte était appelée « porte basse ».
Il est certain que la chapelle de l’Ordre avait été construite sensiblement sur le point où s’élève aujourd’hui l’église Sainte Cécile. Les restaurations et modifications que l’édifice a dû subir au cours des siècles ont effacé tout vestige du sanctuaire primitif et ont pu, peut-être, le déplacer quelque peu.
Quoi qu’il en soit, le groupe actuel d’habitations donne une idée de ce que pouvait être la disposition de la place originelle. Un acte de l’année 1260 nous renseigne sur les redevances de la ville de Lacapelle, baylie de Cordes. Elles concernent le droit de glandage, le droit de gîte et le service vassalique. En voici le texte : « Villa de Capella duo sest., medium siliginis et avene, et XXIV sol. Cat. pro pasagio. Sex sestaria, inter siliginem et avenam per medium, pro bladada. VII sol. catur. pro alberga. Duas gallinai et duas denariatas ovorum pro servicio (CABIE, Droits et possessions du comte de Toulouse dans l’Albigeois au milieu du XIIIe siècle, 137).